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Le Roi & Moi
22 février 2010

Le quai de Ouistreham - Florence Aubenas

QuaiOuistreham

"La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu'en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l'impression d'un monde en train de s'écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place.
J'ai décidé de partir dans une ville française où je n'ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail. J'ai loué une chambre meublée.
Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j'avais trop à faire là-bas. J'ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n'ai plus quitté mes lunettes. Je n'ai touché aucune allocation.
Il était convenu que je m'arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c'est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009.
J'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver écrire ce livre."
Florence Aubenas

Née en 1961, Florence Aubenas a fait la plus grande partie de sa carrière de journaliste à Libération, avant de devenir grand reporter au Nouvel Observateur.
Depuis juillet 2009, elle est présidente de l'Observatoire international des prisons.

***

Avant tout, j'ai une grande admiration pour Florence Aubenas.
Je la lis régulièrement dans l'Obs et j'estime qu'elle fait partie de ces journalistes ayant érigé l'intégrité en véritable mode de vie.
Preuve en est, à mes yeux, qu'elle n'a jamais fait de "publicité" autour de sa détention en Irak, par ailleurs très largement médiatisée, et qu'elle ne nous a pas fait le coup du "je-vous-sors-un-livre-pour-vous-raconter-car-cela-était-vraiment-trop-trop-affreux" après sa libération...
*** M'enfin, ces idées n'engagent que moi ;-) ! ***

La deuxième raison qui m'a fait m'intéresser à ce livre, c'est que, vous le savez maintenant, je cherche moi-même du travail dans la région de Caen, avec mon bac pour seul bagage, même s'il est assorti, contrairement au sien, de 17 années d'expérience dans le commerce.
*** Tiens, c'est d'ailleurs pile-poil aujourd'hui que je fête cet anniversaire... Oui oui, le 22 février 1993, c'était ma toute première journée de travail aux Galeries Lafouyette... Souvenirs souvenirs...! ***
Bref, ma recherche n'en est pas moins vaine jusqu'à présent.
Même si, je dois l'avouer, le fait, en plus, de ne pas vivre tout le temps sur place n'arrange probablement rien aux chose, j'en suis consciente !

Ce livre m'a bouleversée parce que, bien au-delà de l'enquête journalistique, il est un vrai, beau et fort témoignage de ce temps de crise que nous traversons.
Parce que, malgré tout, l'espoir est présent tout au long, à chacune des pages...
Parce que, cette "France invisible", qui l'est surtout parce que personne ne souhaite la voir, Florence Aubenas lui donne des visages, des noms...
Parce que tout cela, je le sais, je le côtoie, je le vis...

Vous savez, je travaille dans une boîte qui estime qu'embaucher une femme qui élève seule son enfant, c'est mieux pour elle si on ne la "prend" qu'à temps partiel, comme ça, elle pourra continuer à bénéficier des allocs, à avoir du temps pour s'occuper de son môme et elle n'aura qu'à s'en estimer heureuse...
Et, pour l'anecdote, l'ANPE m'a radiée A VIE de la liste des demandeurs d'emploi sous le prétexte que je ne m'étais pas présentée à une de leurs convocations... Il étaient pourtant prévenus de mon absence et le motif m'en semblait valable : à l'heure où je devais me trouver dans leurs locaux, je débutais ma première journée de travail à la Fnouc, en CDD à l'époque pour la petite histoire... Imaginez, pour faire lever cette sanction qui m'aurait poursuivie tout au long de ma vie de travailleuse, j'ai dû aller jusqu'à en référer au Préfet de mon département...
Aujourd'hui, avec dix-sept années de commerce "dans les pattes", quand ma fiche de paie m'annonce un chiffre supérieur à 1.100 euros, quand on n'a pas oublié les 20 heures sup' que je me suis tapée dans le mois, quand on ne me retire pas la somme correpondant à l'attribution de 45 tickets-restaurant alors que je n'en ai pas reçu un seul, je suis ravie... Enfin... Amère mais ravie...

C'est pourquoi le témoignage de Florence Aubenas est précieux.
Puisse-t-il ouvrir bien des yeux...
Et moi, j'ai juste envie de lui dire une chose : merci !

*

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Commentaires
P
Je trouve ton billet excellent !<br /> Je suis tentée par ce livre aussi... Je pense que beaucoup d'entre nous peuvent se sentir concernés...<br /> Tu vas y arriver à trouver un travail très sympa à Caen, il faut y croire !<br /> Bisous
K
Comme je te comprends ! j'ai été moi-même au chômage plusieurs années, à plusieurs moment différents. Et j'ai vécu pas mal des choses que tu racontes, et d'autres. Le monde du travail est impitoyable, les employés sont des numéro qu'une fois usé on jette pour en mettre de nouveaux.<br /> Bonne chance pour ta recherche.<br /> J'aimerais beaucoup lire le livre, il doit être intéressant.<br /> Bises.
A
Superbe billet Anne Laure<br /> Et bon sang, tout ça n'était peut-être qu'un signe, la FNOUC c'était pas un présage de bonheur.<br /> Quoiqu'il en soit, j'ai bien envie de lire le livre de F. Aubenas que j'admire également beaucoup.<br /> <br /> J'espère de tout coeur que Caen va te tendre les bras parce qu'ils ont beaucoup à y gagner...<br /> <br /> Bises!
Le Roi & Moi
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